La Musique fait son Cinéma

La musique de film est aussi vieille que le cinéma … muet. A l’origine, les musiciens jouaient à l’extérieur des salles de cinéma pour attirer les passants. Le cinéma connut très vite un succès fulgurant et la musique fut associée dès lors, aux images encore muettes ou plutôt pour couvrir la tempête de cliquetis et de soufflerie produits par le projecteur…


La musique d’accompagnement aura donc à ses débuts le rôle ingrat de couvrir les bruits de la salle de cinéma. Selon les moyens de l’exploitant ou de l’heure de la séance, on engage un orchestre plus ou moins grand ou plus simplement un pianiste ou un organiste qui improvise en suivant les images. Dans le film « Les Portes tournantes » de Francis Mankiewicz, Monique Spaziani incarne le rôle d’une de ces pianistes du cinéma muet.


Les musicologues attribuent la première musique de film originale au compositeur Camille Saint-Saëns pour le film « l’Assassinat du Duc de Guise » de Charles le Bargy (1908). Il est très intéressant de constater qu’un nombre important de compositeurs de musique sérieuse s’engagèrent  au cinéma dès ses débuts.


Au début de cette aventure, beaucoup de compositeurs espéraient que le film donnerait à la musique une dimension nouvelle en lui prêtant le sens du réel. Cependant, le film va très vite imposer ses règles au musicien et certains, ne réussiront pas à supporter les contraintes et les impératifs dictés par les images.

C’est à ce moment précis, celui où le compositeur ne se sent plus entièrement libre de créer comme il l’entend, qu’un clivage s’amorce. On trouve ici une des vraies raisons de la sécession survenue entre la musique de concert sérieuse et la musique de film.


Historiquement, c’est en 1933, avec le film « King Kong », l’un des premiers films parlants, que le compositeur Max Steiner démontra quel rendu génial on pouvait susciter  avec une musique parfaitement synchronisée aux images.


Bien qu'après la Seconde Guerre mondiale le cinéma ait abordé toutes sortes de sujets, la musique continua à intervenir en permanence dans le film ; celle-ci néanmoins n'offrait le plus souvent qu'une forme appauvrie et banalisée du romantisme du XIXe siècle, à peine revue sous l'influence de Wagner ou de Mahler. C'est au cours des années 1950 que s'essouffla cette tradition symphonique, avec notamment Nino Rota en Italie et les musiciens des films des «nouvelles vagues» de tous les pays européens, France, Pologne, Grande-Bretagne…


De nouveaux compositeurs émergèrent, parfois issus de la musique légère ou du jazz. Le recours au jazz n'a été qu'un des aspects de la recherche d'une plus grande simplicité et d'une atmosphère nouvelle. Nino Rota (notamment dans les films de Fellini) et Ennio Morricone ont offert d'autres types d'alternatives : musiques en rupture, recherches sonores, fusion avec des musiques populaires d'origines diverses.


Malgré de nombreux apports nouveaux, la musique de film eut tendance par la suite à revenir aux grandes masses orchestrales et aux anciennes méthodes. John Williams est le principal représentant de ce mouvement nostalgique. La musique issue de l'Underground des environs de 1970 a eu peu d'influence immédiate sur la musique de film au-delà des cercles restreints de l'expérimentation cinématographique.


Malraux disait que notre siècle serait celui de l’audio-visuel… Force est de reconnaître que la musique de film fascine et passionne. Cette musique qui voit d’année en année ses rayons s’accroître dans les magasins de disques a fini par acquérir ses lettres de noblesse grâce à des compositeurs talentueux tels que John Williams, James Horner, Eric Serra, Vladimir Cosma et bien d’autres. Ils ont fait de cette forme utilitaire de la musique, une expression artistique à part entière.


Le projet et les interprètes


Constituée de musiciens issus de quatre générations, l’Harmonie Bischheim a su garder vivaces, les liens entre ses membres. C’est par des projets fédérateurs et par une subtile alchimie faite de tolérance, d’ouverture d’esprit et de fraternité musicale que cela fut possible.  Cette année, c’est la musique de film qui sera à l’honneur et l’aventure sera donc tout naturellement en cinémascope. Quoi de plus naturel en effet, que de concevoir un concert de musiques de film, dans une salle de cinéma. La musique y sera pour une fois au premier plan et les images accompagneront les œuvres de compositeurs passés maîtres dans cette forme d’expression artistique. Peut-être l’occasion pour de nombreux mélomanes de découvrir de nouvelles facettes de la musique et pour les cinéphiles d’apprécier à sa juste valeur la place de la musique dans le cinéma.


Les représentations


Dimanche 20 Juin 2004 à 16h et 20h15 : au Cinéma UGC CINECITE de Strasbourg-Etoile – Salle 20